Les propriétés des huiles essentielles ne sont pas liées uniquement à leur composition en molécules aromatiques, on l'admet largement maintenant, mais la relation entre une famille biochimique et ses activités pharmacologiques (action d'un principe actif sur son récepteur), scientifiquement documentée, n'en reste pas moins vraie.
Je vous propose ici de présenter succinctement quelques unes des familles de molécules douées de propriétés relaxantes (provoquant la détente physique et mentale en diminuant le tonus musculaire et les tensions nerveuses) et sédatives (réduisant l'activité du psychisme), et je les illustrerai chacune par un exemple au cours de cinq prochaines chroniques aromatiques.
- Les esters terpéniques sont une large famille de molécules (comme, par exemple, l'acétate de linalyle), qui sont toutes antispasmodiques, sédatives, régulatrices nerveuses, anti-inflammatoires. Elles modèrent l'action des autres molécules présentes et ne manifestent pas de toxicité aux doses thérapeutiques. Je vous parlerai prochainement de la Camomille romaine, qui en contient une grande majorité.
- Le linalol, un alcool monoterpénique, est probablement la molécule la plus étudiée au plan pharmacologique. Il est sédatif du système nerveux central, mais également anti-infectieux et tonique cutané. Il est également très bien toléré, mais fait partie de la liste officielle des allergènes (prudence donc chez les sujets à terrain allergique), et il faut veiller à la bonne conservation des huiles essentielles qui en contiennent car il est facilement sujet à l'oxydation. Cette molécule compose l'immense majorité de l'huile essentielle de Bois de Hô, que je vous présenterai bientôt.
- Les citrals, deux molécules appartenant aux aldéhydes monoterpéniques, sont réputés pour leur double action : anti-inflammatoire puissante, et sédative. Ils sont irritants pour la peau, donc les huiles essentielles qui en contiennent doivent impérativement être diluées en huile végétale pour une application cutanée. Ils sont responsables de leur odeur citronnée. Je vous décrirai la Verveine exotique.
- Les coumarines sont d'autres molécules sédatives puissantes, mais également anticoagulantes et photosensibilisantes. Elles sont toujours présentes en très faible concentration dans les huiles essentielles qui en contiennent (moins de 1%), mais leur action nerveuse est manifeste. On les retrouve notamment dans tous les zestes d'agrumes, que j'illustrerai par la Bergamote.
- Les sesquiterpènes (anti-inflammatoires et calmants) et sesquiterpénols (aux propriétés plus variées) sont tous bien tolérés et certains montrent une action sédative. Je vous donnerai l'exemple du Patchouli.
Mais n'oublions pas, au-delà de ces considérations moléculaires, l'action plus subtile des parfums, qui n'ont pas de noms compliqués, dont l'effet est difficilement objectivable, mais qui n'en sont pas moins responsables des vertus apaisantes des huiles essentielles : chacun peut les ressentir sans chercher à les comprendre !